L’étiquetage nutritionnel en plein conflit
L’étiquetage nutritionnel est une réponse à des objectifs de santé publique. 17% des français sont aujourd’hui touchés par l’obésité. Ces personnes ont plus de risques de diabète et de maladies cardiovasculaires. L’étiquetage nutritionnel est donc une priorité.
Pour améliorer l’information nutritionnelle, Marisol Touraine avait chargé une équipe de chercheurs de développer un système d’étiquetage à cinq couleurs. Du vert pour les produits les plus sains au rouge pour les produits à fuir. L’étiquetage nutritionnel est rentré dans la loi santé de 2014. Même s’il semblait efficace, les grands groupes industriels l’ont rejeté.
Grâce aux pouvoirs des grands groupes industriels, le Ministère de la Santé a chargé la Direction générale de la santé de mener une étude en « conditions réelles d’achats ». Le but de cette étude est de définir l’étiquetage nutritionnel le plus pertinent. Il doit correspondre aux objectifs de santé publique et satisfaire les industriels. Cette étude devrait coûter 2 millions d’euros à l’Etat !
Un conflit qui éclate au sein du comité de pilotage de l’étude sur l’étiquetage nutritionnel
Le comité de pilotage de l’étude sur l’étiquetage nutritionnel a été demandé par le gouvernement. Initialement, il était composé de dix membres et co-présidé par le Directeur Général de la Santé – Benoit Vallet – et par le Président du Fonds français pour l’alimentation et la santé – Christian Barbusiaux –. Sur les dix membres, les quatre n’ayant aucun lien avec l’industrie agro-alimentaire ou la grande distribution ont quitté le comité. Trois chercheurs ont démissionné en avril 2016 :
• Le professeur Philippe Ravaud de l’Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale (Inserm)
• Le professeur Denis Hémon de l’Inserm
• Le professeur Karine Gallopel-Morvan de l’école des Hautes Etudes en Santé Publique
Le dernier chercheur – Yves Lévy, PDG de l’Inserm – qui n’a pas de lien avec les lobbys de l’industrie a annoncé sa démission début juillet 2016.
Il y a donc un conflit sur la question de l’étiquetage nutritionnel qui oppose les professionnels de la santé publique et ceux de l’agro-alimentaire ou de la grande distribution. Des problèmes méthodologiques ont aussi été mis en avant par les chercheurs du secteur de la santé publique.
Quatre systèmes pour l’étiquetage nutritionnel
L’étiquetage nutritionnel est rappelé dans la loi sur la modernisation du système de santé qui a été votée à la fin de l’année 2015.
Quatre systèmes d’étiquetage nutritionnel doivent être testés dans les grandes surfaces :
• Le « nutri-score » à cinq couleurs qui a été préconisé par le Haut Conseil de la Santé Publique (HCSP)
• Le code à trois couleurs qui est en vigueur au Royaume-Uni
• Le « nutri-repère » qui est préconisé par l’industrie agro-alimentaire
• Le SENS qui est utilisé par le secteur de la grande distribution
L’étiquetage nutritionnel doit permettre aux consommateurs de comprendre les informations qui détaillent la quantité de glucides, protides, lipides par portion de 100 grammes et la teneur en vitamines des produits.
L’Association Nationale des Industries Agro-alimentaires argumente son choix de ne pas appliquer le système à cinq couleurs. D’après elle, ce système ne tient pas compte de la fréquence de consommation, des portions consommées, des associations faites entre aliments. L’industrie agro-alimentaire a peur que ce système stigmatise les produits.
En bref, l’étiquetage nutritionnel est une aide pour les consommateurs. Les différents acteurs – chercheurs, politiques, professionnels du secteur de l’agro-alimentaire ou de la grande distribution – sont en conflit sur le système à choisir.